Philosophie du Club

Il est un fait, inconnu des non initiés et malheureusement oublié aujourd’hui par un grand nombre de pratiquants : le Judo n’est pas qu’un sport. C’est une méthode globale d’éducation et de développement mise au point par le Maître Gigoro Kano et qui a fait ces preuves au fil des années.

Il est triste de constater que dans certains dojos, que l’on nomme plutôt aujourd’hui salles d’entraînement, l’esprit du Judo traditionnel s’est perdu au profit d’un judo exclusivement sportif. Loin de moi l’idée de dénigrer les vertus du sport, mais contraindre le Judo à un cadre simplement sportif, c’est perdre l’essence humaniste de notre art.

Dans le Judo sportif, le Shiai c’est-à-dire la compétition, est le fond de la pratique. L’entraînement, au lieu de développer les formes de corps fondamentales, conduisant à la diversité technique, prône des formes opérationnelles en compétition adaptées au profil du combattant. C’est un judo d’opposition, régi par la performance, où l’on ne vise plus la perfection technique, le Ippon.

Le partenaire devient l’adversaire.

Gagner est devenu l’objectif, gagner à tout prix, n’importe comment en utilisant la règle comme les sorties de tapis ou les fausses attaques par exemple, et avant tout, ne pas perdre. C’est un Judo qui devient stratégique, ou l’on développe les actions en force et les positions de neutralisation comme le travail du kumi kata, les positions défensives et les fausses chutes. On doit bloquer si on n’est pas le plus fort et empêcher l’autre de travailler.

Dans le Judo traditionnel, le randori et le kata constituent le fond de la pratique. C’est un judo de participation et d’implication totale visant notre maîtrise et celle du partenaire. C’est un Judo « ouvert », offensif, sans actions inutiles ou contraires à l’éthique, à l’idéal technique. Au lieu de la force, on recherche la souplesse, l’utilisation optimale de l’énergie, l’harmonie avec autrui et l’esthétique alliée à l’efficacité.

Là où le judo sportif recherche la valorisation de soi au travers de la hiérarchisation des individus, le judo traditionnel vise l’épanouissement personnel par l’entraide et la prospérité mutuelle.

Thierry Blanc, d’après les écrits de J.L. Jazarin